la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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02 - L’étreinte

mardi 24 janvier 2006, par FredTGZ

De l’Ombre aux Ténèbres : récit d’une étreinte

Cela fait déjà deux ans que je me trouve dans le village de Microthalos, à proximité d’Athènes, je goutte enfin à un peu de calme et de tranquillité après différents séjours dans des villages que j’ai dû fuir à chaque fois... J’aime ce village et les gens qui y vivent, je ne me sens pas vraiment chez moi pour autant car mes pensées vont toujours vers Meriteth mais je me sens plus serein. Je suis un jeune berger sans histoire maintenant et non plus ce gladiateur enchaîné donnant la mort à tour de bras, je goûte au calme des collines avec Amarys mon chien et mon seul compagnon. Je suis inquiet toutefois car depuis peu des loups semblent s’en prendre au bétail et Nikos, un pâtre et une bon gars est mort il y a peu, subissant d’atroces blessures, j’ai moi même perdu une chèvre dans cette sombre histoire. Peut-être devrais je en parler à Ercanthos, le sage du village mais j’ai tendance à l’éviter car un érudit pourrait voir en moi trop facilement, et je suppose certainement que sa jeune et ravissante assistante aussi.

Des soldats arrivent de je ne sais où et visiblement font le tour du village pour avoir des informations sur les attaques des loups, mais personnellement je préfère les éviter de peur de me faire capturer (mais qui pourrait bien se préoccuper de ma vie après toute ces années ?). Je les laisse enquêter, peut-être ramèneront-ils les peaux à la pauvre femme qui pleure son mari ?

Je remonte la colline et m’installe pour la nuit sur la face opposée au village comme à mon habitude, lorsque j’entends des grondements et des cris dans les buissons en contrebas... je me dis que les loups en veulent à mes bêtes et que je ne les laisserais pas faire, mais où est mon chien ? Encore à chasser un lapin... M’armant de mon bâton et d’une torche improvisée je m’approche des buissons, je me pose des questions car visiblement deux bêtes sont en train de lutter ensemble dans les buissons...

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Quelle ne fut pas ma surprise en voyant un homme se jeter sur moi et me mordre jusqu’au sang dans le cou ! La scène a été tellement rapide que je n’ai pas eu le temps de réagir outre mesure, mais soudain je me débat avec toute ma force sans le moindre résultat tandis que je sens ma vie s’écouler de mon corps pour être aspirée dans celui de mon assaillant. Quel homme pourrait faire cela ? Il me relâche sans douceur, me laissant mourant, et repart vers ce qu’au premier coup d’oeil j’identifierais comme un loup aux dimensions anormales... après une lutte dont je ne peux estimer le temps, il revient vers moi et me met sans ménagement sur son épaule comme un vulgaire sac de grain.

Il m’emmène chez le sage, je reconnais l’endroit, une voix de femme répond aux coups donnés par cette être et je sens une réaction très humaine d’exaspération face au refus d’ouvrir la porte de l’assistante d’Ercanthos (Callinira de mémoire), il finit par ordonner d’une voix autoritaire qu’on lui ouvre, qu’il a un blessé grave ! J’essaie de réagir mais non seulement je peux plus parler mais je ne sens même pas mes lèvres remuer, pourtant j’aurais voulu lui dire de ne pas ouvrir, que c’est une créature issue des enfers qui vient la prendre !! Elle finit toutefois par ouvrir, il me dépose à terre et exige de voir Ercanthos immédiatement. La pauvre jeune femme balbutie et lui dit qu’il n’est pas disponible, elle le cherche toutefois.... je me sens faible, si faible, je sais que je vais mourir, je vois le visage de Meriteth devant moi qui me sourit, plein d’amour et de tendresse. Des bruits de lutte étouffés dans une autre pièce... qu’est ce que c’est ? Non ! Il s’en prendre à Callinira, ce petit brin de femme n’est rien face à cet homme... je le vois repartir quelques minutes après, signifiant à Callinira (que je n’arrive pas à voir) de me soigner.

Callinira passe devant moi.... son regard est étrange, perdu, détaché, elle me contemple agonisant et quitte aussi la maison rejoignant sans doutes les soldats que j’entends crier au loin. Ce regard... disait « tu vas mourir ».

Mes pensées fuient, depuis combien de temps suis je ici ? Meriteth... Meriteth... je serais bientôt près de toi ! Meriteth ne fait pas autant de bruits voyons ! Non, ce n’est pas le visage de Meriteth mais celui d’Ercanthos, le sage est penché au-dessus de moi, je le vois se mordre le poignet ... mais que fait-il ? Son sang s’écoule de sa blessure, je le sens tomber sur ma joue puis sur mes lèvres. Une impression étrange s’empare de moi alors que je goûte ce sang, chaud, doux, sucré, puissant, je sens mon coeur faiblir mais seul le sang dans ma bouche compte, je tend le cou, Ercanthos me tire à lui, et me fait boire directement au poignet que j’attrape, l’univers entier me semble tourner autour de moi, ce sang.... par les dieux !!!! Je n’arrive plus à penser à autre chose, il m’enivre totalement, je me sens transporté ! Mais Ercanthos me repousse fermement, m’abandonnant sur le sol de sa demeure. Je ne sais comment c’est possible mais j’ai senti que mon corps mourrait tandis que je continuais de vivre... quel paradoxe. Une vigueur nouvelle s’empare de mon corps. Les chèvres, le village, le loup, les cris, plus rien ne m’intéresse, ou plutôt tout m’intéresse jusqu’aux petites tâches de sang, les cailloux sur le sol, les détails que forment les poils de mon manteau...

Je constate que je ne suis pas qu’avec Ercanthos dans la pièce, l’individu qui m’a agressé est là aussi (Ercanthos l’appelle Mièt), un des soldats arrivés dans la journée (visiblement le responsable de l’enquête, il se nomme Armenios), Callinira (qui me semble la même et différente à la fois) ainsi qu’un homme que je n’ai jamais vu, couvert de sang et de terre et sentant une odeur de moisi (il s’appelle Xeres).

Ercanthos nous regarde tous (visiblement il s’adresse au soldat, à Callinira et moi-même) et nous annonce d’un air à la fois ennuyé et blasé que nous sommes maintenant des Ombres. Nous ne comprenons pas ce qu’il veut dire (visiblement Armenios et Callinira sont aussi perdus que moi), Mièt et lui nous explique que nous sommes des Ombres maintenant, que nous n’appartenons plus au monde des mortels mais à celui des Immortels et que devront vivre la nuit car le soleil nous détruirait assurément... nous ne pouvons comprendre et accepter cela et nous essayons de le faire comprendre à Miet qui s’ouvre la main avec une dague sous nos yeux ! Mais alors que la blessure se referme d’elle même sous nos regards ébahis, le doute n’est plus permis...

Une nouvelle « vie »

Ercanthos et Mièt nous énonce des « règles » alors même que mon esprit divague et refuse de croire tout ceci (mais le fait que je vive et que la blessure de mon cou soit refermée (non sans une cicatrice) me laisse croire que tout ceci est vrai...) Ercanthos nous dit que nous devrons craindre la lumière du soleil, le feu, et que nous devrons nous cacher soigneusement la journée. Ils nous annoncent aussi que des créatures se transformant en loup existent et que c’est l’une d’elle qui est la cause de tous ces soucis. Ils nous révèlent également le terrible prix de cette vie ou plutôt non-vie : le sang. Chaque nuit nous devrons prélever notre tribut de sang aux mortels, ne pas le faire signifie la mort. Xeres est visiblement une personne curieuse qui aime comprendre : il veut savoir comment faire : il part chercher le chef du village et sa femme, et Ercanthos nous fait une démonstration, en nous expliquant qu’il faut savoir s’arrêter pour ne pas tuer le mortel. J’essaye après les autres de boire le sang de la femme du chef (que les dieux me pardonnent), en fait je ne comptais pas le faire mais en m’approchant j’ai senti son coeur battre, ses veines dans son cou sont apparues à moi avec tant de clarté, je pouvais sentir son sang. Finalement j’ai mordu cette pauvre femme et de nouveau l’extase !! On me repousse car je me laissais trop aller, c’est étrange c’était vraiment plus fort avec Ercanthos... On me montre qu’il faut mordre sa langue et lécher la blessure pour la faire disparaître.

Ercanthos et Mièt nous annoncent qu’il faut maintenant dormir car le soleil va se lever, je reste indécis mais je finis par suivre tous le monde, je constate que le sage est parfaitement habitué à cette vie car il dispose de grandes malles pour y dormir... Le sommeil s’empare de moi finalement...

Premier crépuscule

Après une bonne journée de repos (c’est étrange mais me dire que je ne verrai plus le soleil m’effraie), je sens en moi une soif incroyable, je constate que mes compagnons d’infortune ont l’air tout autant assoiffés que moi mais Callinira semble être la plus en proie à cette sensation. Nous savons que nous allons devoir nous nourrir de sang et cette soif est si puissante que rien ne saurait y résister facilement par les dieux. Les circonstances exactes du drame me sont inconnues mais Callinira s’en est prise au maire et l’a tué, des lambeaux de chair et des traces de sang sur ses vêtements montrent la sauvagerie de l’acte, elle semble calmée maintenant. Nous allons voir la femme de Nikos, le pâtre décédé auparavant, pour savoir si elle aurait entendu une histoire sur une belle femme venue il y a 80 ans (il semble que cette femme soit liée à Xeres et qu’il ait été enterré (par les dieux !) dans cette ferme. Xeres, Armenios, Callinira décidons de partir du village où nous risquons beaucoup trop à rester pour aller à Athènes dans l’espoir d’y trouver des réponses à nos interrogations sur notre nature. En partant du village nous croisons un homme qui nous souhaite bon vent, il me regarde et me semble étrangement familier sans pour autant me souvenir de ce visage. Il me dit s’appeler Amarys (comme mon chien...) et bien se retire dans les ombres des bois. J’ai une impression étrange reliant cet homme, mon chien et le loup-garou... mais chaque chose en son temps, je me promet mentalement de revenir ici étudier ce problème.

Arrivée à Athènes

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Agora, Athènes

Nous atteignons la proximité d’Athènes peu avant l’aube, mais nous nous disons qu’il serait préférable de trouver un abri hors de la cité avant le jour car ne pas en trouver un pourrait nous être fatal et la ville nous est inconnue (sauf pour Armenios qui a sa femme et ses enfants ici). Nous nous abritons dans un bois à proximité alors qu’un véritable horizon de feu s’annonce, nous creusons le sol avec nos mains de manière quasi frénétique. J’ai réussi à me cacher sous terre, quelle horreur ! J’entends Armenios hurler, il est en proie aux flammes mais je crois qu’il a réussit à s’enterrer finalement. Le lendemain soir, force est de constater que l’aspect d’Armenios est horrible, il est littéralement calciné, c’est horrible à voir, aucun être humain ne pourrait survivre dans cet état mais lui a l’air d’aller à peu près...

Après une tentative maladroite de rentrer par une porte latérale à la muraille nous finissons par nous retrouver tous à l’intérieur, Armenios est assoiffé et nous envisageons de trouver des gens à qui prendre du sang. Quelle horreur, je suis devenu un prédateur chassant ceux qui étaient les miens avant... Nous trouvons un homme bien joyeux accompagné de deux femmes, Callinira séduit le jeune homme avec un talent incroyable, tandis que Xeres (une fois un peu nettoyé) s’avère lui aussi être un séducteur né. La deuxième jeune femme me trouve assez mignon avec « mon air timide » et nous embrassons, mes lèvres glissent vers son cou et je la mord en la maintenant fermement contre moi. Je la sens réagir à la morsure puis finalement frémir et même gémir tandis que son sang coule dans ma bouche, que c’est bon ! Mais je fais attention et la relâche doucement prenant soin de ne pas la brutaliser, je lèche la plaie avec une goutte de mon sang comme Ercanthos nous l’a montré, la blessure disparaît. Xeres semble avoir vraiment séduit la demoiselle qui lui propose de l’emmener chez lui. Nous nous baladons un peu en ville, cherchant des individus qui seraient comme nous mais malheureusement nous semblons être les seuls.

Hector

Le jour s’approche, nous devons nous cacher (décidément fuir le jour me semble pénible), nous envisageons de nous cacher dans les tunnels sous la ville. A peine avons nous commencé à voyager dans un tunnel qu’un crocodile nous regarde, visiblement il ne cherche pas à nous attaquer mais nous suit... belle ambiance... un peu loin, un autre embranchement... un autre crocodile nous barrant une des deux voies... nous prenons la restante lorsqu’une grille se ferme derrière nous et une autre devant nous. Un individu à l’aspect immonde s’avance devant nous, il dégage une expression horrible de son visage déformé. Il nous annonce qu’il se nomme Hector et que nous sommes chez lui, et que par conséquent notre place est ailleurs. Nous lui annonçons que nous recherchons des gens comme nous (et visiblement comme lui car il est bel et bien une ombre aussi). Il discute finalement un peu avec nous et accepte de nous laissez dormir ici en nous remettant des couvertures (nous devrons lui en ramener des neuves). Les crocodiles sont ses « petits » et il règne en maître sous la cité. Il n’existe plus d’ombre au dessus (ou très peu) car les loup-garous s’en sont pris aux « nôtres » malgré une trêve ancestrale. ils auraient attaqué durant la guerre de Troie. Hector semble habiter ici depuis près de 30 ans et ici est son royaume.

Un roi bien étrange

Le lendemain, nous suivons des individus se rendant au port en contrebas qui parlent du retour du Roi (je me souviens qu’Hector nous a dit que des rumeurs disent que c’est un immortel). La foule est amassée devant de grand navire de guerre tandis que de solides gaillards en sortent. La populace clame le retour du Roi et nous nous approchons et constatons nous aussi qu’il est de retour mais aussi qu’il est comme nous... il nous fait comprendre rapidement qu’il aimerait nous parler plus tard... nous essayons d’aller le voir au palais mais l’accès nous est refusé (la populace semblant essayer d’entrer aussi). Nous repartons en ville et je prends du sang sur un ivrogne, nous constatons que les effets de l’alcool nous sont transmis... enfin ils se dissipent rapidement.. Notre groupe d’ombres trouvons une vieille battisse abandonnée, nous faisons de sorte que le soleil ne puisse rentrer et nous nous apprêtons à dormir.