la guilde d’Altaride

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"LE DIT DE CUSH"

05-Prince Jastur

La Ville comme ennemie

dimanche 15 août 2010, par Eric Collins

« Je me souviens bien de Babylone, car, si tant de choses avaient changées depuis que je n’étais plus vivant, si, déjà, le fait de vivre cinq fois plus vieux que mon père, était étrange, ce que j’ai vécu là le fût encore plus. Et ce en l’espace d’une paire de nuits !

Déjà, ce fut la première fois que je ne dormis pas sur le sol, mais en l’air ! En effet, l’auberge avait un étage, et nous passâmes la journée ainsi, en « l’air »… aussi, si j’avais dit à Aoyuntaï que je veillais sur son sommeil, je pris le parti de ne pas dormir de peur de voir ce plancher s’effondrer. Mais bon, il n’en fut rien.

Tout notre groupe de Vampires partit traverser la ville, et escalader la colline jusqu’à ce palais du prince Jastur. J’avais l’impression d’une force considérable, nous étions une petite demi-douzaines, en effet… mais je me suis vite ravisé : rien que dans le salon souterrain du Prince de Babylone, une quinzaine de nos semblables devisaient, parmi tout autant de Goules et de Mortels avisés !

Quelle foule… la Terre est donc pleine de mes semblables ? Nous sommes vraiment nombreux. J’ai appris qu’à Babylone, nous sommes plus d’une trentaine. Et puis, combien de mortels de par le monde : plus de 100 000 ? Non, mais peut-être ce nombre-là. Incroyable.

Enfin, j’imagine que nous devons régulièrement réduire notre nombre, parce que le Prince nous accueillit avec froideur et de petites insultes méprisantes. Joli moyen d’asseoir son pouvoir. Heureusement, j’ai appris très jeune que la chasse n’est pas le fait de sauter sur sa proie, mais de la traquer, la piéger, et l’abattre depuis un lieu protégé, alors qu’elle est affaiblie. J’ai donc fait sentir l’odeur de ce Jastur par Lycaon, et ce n’est pas son colosse albinos qui le sauvera le jour où il ira se promener en dehors de son logis…

Mais, si j’ai vu là que la Ville rend mou et faible, et que les gens se prélassent sur des coussins à deviser de tout et rien, j’ai vu que même le clan Gangrel n’est pas solide, et que la Ville en sape la force.

Ainsi, après avoir salué le Prince, ce qui est soit-disant notre devoir, bien que je ne vois pas pourquoi je lui dois quoi que ce soit, nous sommes partis, Aoyuntaï et moi. Les autres, rencontrés en Assur, sont restés ou partis de leur côté. C’est ça, la Ville, cela divise. Nous ne sommes même plus un groupe de compagnons.

Quant aux Gangrels, comme je disais, la Ville les a affaiblis. Aoyuntaï et moi avons rencontré Ekam, notre primogène, c’est-à-dire celui qui doit nous inspirer, le chef de tribu, notre Guide. Et bien, il est perdu dans la contemplation des tablettes et autres écrits, et ne s’occupe guère du Clan. La ville rend faible. Définitivement.

Et puis, durant la journée, alors que sommeillais dans la sécurité de notre havre, dans les jardins de Babylone, Néridja, le Vénérable, le plus ancien d’entre nous, en fut réduit à voler mon sang comme si j’allais refuser au Chef de Meute, au Sage de la Fratrie ? Les Gangrel ont ils donc si peu d’honneur que l’Aîné a peur de demander son dû ?

Une cité pleine de Vampires qui s’insultent et se défient (en deux jours on m’a parlé de trois Ligues qui brigueraient le pouvoir, rien que ça !), un chef de clan perdu dans la lecteur, et un doyen qui prend les nouveaux arrivants pour ses victimes… je ne sais ce qu’il en est des deux autres Gangrel que je connais, la paire de comparses, mais bon,ce n’est pas ici que je trouverai mon avenir.

C’est ainsi qu’ayant passé une autre journée dans les Jardins – sans dormir, de peur qu’un de mes frères de Clan ne me coupe la tête, par amitié ! – j’ai salué mon seul ami, Aoyuntaï, et suis parti explorer les abords de Babylone. Je pense que c’est parmi les villages et les nomades qu’il me faudra m’établir, et créer une communauté prête à faire grandir le genre humain, et repousser les Garous.

Je dois dire, cependant, qu’il est des choses incroyables en ville. J’ai parlé du Havre Gangrel, de notre lieu secret : il est magique ! Dans les jardins de la Bibliothèque, une simple arche de pierre, qui ne laisse rien voir, et que tout un chacun peut traverser… est une porte secrète pour ceux de notre sang, nous les « Sauvages ». En effet, lorsqu’un Gangrel passe ce seuil, des étincelles crépitent tout autour, rougeoyant dans la nuit, et un escalier de pierres massives apparaît, flottant dans les airs, menant vers plusieurs étages de jardins incroyables en terrasses ! Des plantes comme jamais j’en ai vus… des arbres, des bassins, de petits temples… c’est, je pense, un Paradis Terrestre. Cette beauté sans nom est ce que la Ville a de puissant. C’est là sa rédemption. La mienne... ce sera mon fémur de lion ! »

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