la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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La Critique facile

Ou comment casser un film en neuf leçons

mardi 5 janvier 2010, par Benoît

- Principe 1. Plus c’est obscur, mieux c’est ! Un court-métrage d’amateurs malgache ou groenlandais faiblement diffusé est forcément un chef-d’œuvre.
- Principe 2. Plus le producteur est riche, moins c’est bon. Forcément : si un producteur a de l’argent, il passe son temps à le dépenser en voyages d’études aux Bahamas plutôt qu’à bosser.
- Principe 3. Corollaire des deux précédents : un film obscur en V.O. russe non sous-titrée est obligatoirement une merveille… SAUF s’il fait un carton au box-office. Auquel cas, il est tout juste médiocre, et d’ailleurs le scénario est nul.
- Principe 4. Si c’est doublé, c’est forcément très très mal traduit. Forcément. Toujours. N’importe qui aurait fait mieux, même ma petite sœur (elle est gentille, mais elle a 11 ans et elle maîtrise assez mal le russe dans la langue… C’est dire). Les traducteurs sont des analphabètes qui n’ont rien de plus pressé que de trahir de manière insensée le texte du chef-d’œuvre de script dont ils sont censés s’occuper.
- Principe 5. Si ce n’est pas traduit, c’est que les distributeurs ont mal fait leur boulot. Voir point 2.
- Principe 6. C’est trop cher. Toujours. Surtout par rapport au prix du Malabars ! Sauf quand c’est vraiment pas cher (genre Fête du Ciné où y’a plus de place après 13 h pour la séance de 22 h 30… genre le mardi après-midi à 18 h pétante, séance unique dans la « meilleure » salle — entendez la plus petite) auquel cas ça veut dire que c’est un sous-film vraiment pourri et sans intérêt (et c’est d’ailleurs pour ça que personne ne va le voir).
- Principe 7. Tout le monde ment pour d’obscures raisons commerciales. Prenez systématiquement le contre-pied des avis publiés ailleurs. Le mot « commercial » est très pratique pour TOUT stigmatiser, un peu comme « hérétique » pour l’Inquisition ou « stalinien » chez les trotskystes.
- Principe 8. Exception au point précédent. Tout ce qui est écrit sur Internet est la vérité vraie (connectez-vous !). L’avis d’un connecté qui a lu un truc écrit par un type qui connaissait quelqu’un qui a entendu dire par l’attaché de presse de Frosty Chops Productions que leur prochaine production c’était un chef-d’œuvre est parole d’Évangile. L’opinion d’une personne qui est allé le voir n’a, en revanche, aucune valeur.
- Principe 9. Les effets spéciaux. Plus un film en a, plus il est mauvais. L’ordinateur est là pour cacher la bêtise humaine : un scénario faible, un jeu d’acteurs pathétique et une mise en scène pitoyable. Les gens vont voir le résultat pour faire plaisir à Bill Gates. D’ailleurs, plus un film a d’effets spéciaux, plus le producteur est riche. Retour au point 2.

Voilà. Maintenant, appliquez ces principes et voyez quels films s’en sortent indemnes. Aucun.

Vous voyez, c’est facile. Alors, continuez vous-même le jeu de massacre...

Moi, je vais au cinéma.


Publié dans Le P’tit Teigneux du mois de mars 2001.