la guilde d’Altaride

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42 - 19

mardi 5 janvier 2010, par Benoît

Pour la suite des trépidantes et dispensables aventures de moi, je me suis dit que ça pourrait être rigolo de rester dans ce domaine désormais familier de la circulation.

Ce titre doit bien t’interpeller, ami lecteur, car il est fort énigmatique. C’est une idée qui m’est venue, une fois de plus, sur le chemin du retour d’un nouveau cours de français que je venais de donner, dans la banlieue nantaise, mais assez loin de la dernière fois. Cette fois-ci, je me suis dis que marcher un peu serait une bonne idée et j’ai côtoyé fièrement autobus et tramways en restant tranquillement sur mon trottoir.

Comme le trajet entre le lieu dudit cours et mon minuscule domicile est assez long (quelle idée, aussi, de rentrer à pieds !), je m’amusais, comme d’habitude, à m’inventer des tas de trucs dans ma tête. Ou alors je siffle, voire je chantonne. C’est rigolo quand les gens tournent la tête pour regarder cet étrange barbu qui chantonne dans la rue en regardant le haut des immeubles (essayez, le haut de la rue c’est beaucoup plus intéressant que le bas, avec les voitures et tout, on connaît déjà, alors qu’en haut, y’a plein de trucs qu’on ne voit jamais d’habitude, c’est très chouette). Dans le cas présent, j’en avais assez de siffloter ou de chantonner et je me suis mis à regarder les voitures. Il faut dire qu’à cette heure-ci, dans Nantes, comme sans doute dans la plupart des grandes villes, la circulation est assez bouchée. Voire carrément euh hem. Enfin, vous, voyez l’idée, quoi. Celle d’une déjection malodorante et colorée. Vi, je sais, y’avait pas besoin de faire un dessin... Bon appétit à nos amis lecteurs qui vont se mettre à table. Bref.

Je regardais les voitures, donc, et plus précisément les gens qui sont à l’intérieur. La plupart sont seuls, les yeux rivés sur la route (c’est bien ! ’faut rester concentrer au volant !), quelques uns plus dissipés, qui téléphonent en conduisant (c’est mal ! bouh !) ou qui discutent avec force gestes avec leur(s) passager(s).

Dans un coin de mon cerveau masculin, je me suis rapidement dit, tiens, y’a pas trop de filles qui conduisent... Ah, si... Enfin, pas beaucoup... Ah, quand même... quoique... Bref, je me suis rapidement dis que c’était bien joli de faire des appréciations au pifomètre (un instrument de mesure des plus intéressants, ceci dit) mais qu’une technique plus méthodique s’imposant présentement pour régler définitivement la situation et répondre à cette grave question existentielle : à la sortie du boulot, y’a-t-il plus d’hommes qui conduisent ou de femmes qui conduisent.

Passionnante étude !

Évidemment, les conditions n’étaient sans doute pas optimales, l’horaire, le lieu pouvait interférer dans cette savante tâche. Mais bon, au diable les détails, j’avais trouvé mon occupation et, profitant d’un embouteillage approprié à mon examen, je me suis mis à arpenter le bord du trottoir à rebrousse-poil de la fil de voitures immobilisées. Rien à voir avec le décompte mais certains conducteurs apprécient moyennement d’être "nargué" par un piéton qui semble se déplacer à une allure décontractée et cependant plus rapide que celle de son véhicule imposant, mais fixé au sol par la force des choses. Et pourtant, j’allais en sens inverse.

Le décompte m’a permis d’obtenir rapidement un chiffre des plus intéressants. Je tiens à préciser qu’il était étonnant de régularité tout au long de cette étude des plus sérieuses. L’équilibre des forces s’est maintenu dès les premiers chiffres, comme un imperturbable métronome urbain.

42 - 19, c’est donc le nombre, respectivement, d’hommes et de femmes au volant qui se trouvaient dans cette file de voitures, vers 18H30, en plein centre-ville de Nantes.

Les conclusions, elles sont nombreuses et fort légères de conséquences. Il y a un peu plus de deux hommes pour une femme au volant d’une voiture pour rentrer du travail. Est-ce parce que le cliché "l’homme au travail, la femme à la maison" reste d’actualité ? Ou bien parce que la femme, plus maligne, évite les embouteillages ?

Je vous laisse méditer là-dessus.

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