la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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Journal du major Molloch

Dans la Mer de Ross

Partie du 05/05/2011

vendredi 6 mai 2011, par Benoît

Nous passons la journée suivante à aménager le campement. Certains montent des murs de neige pour protéger les avions. Pratchett utilise son tracteur favori pour déneiger une piste de décollage. De mon côté, je délimite les abords du campement avec des drapeaux. J’instaure des chemins pour éviter qu’une personne trop distraite s’égare dans le blizzard.

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Le lendemain, Pularsky et Fiskarson partent en traîneau pour aller installer un camp avancé à mi-chemin de l’ancien campement de Lake.

Le professeur Albermarle commence à faire de mesures de météorologie. Le glaciologue Winslow a également du travail.

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Le soleil ne se couche jamais. Il descend, bas dans le ciel, avant de remonter. La luminosité en ces terres australes est très étrange. Je me réveille difficilement au son du tintement d’une petite cloche : l’alerte du poste de radio. Je file réveiller Miss Murray car je sais qu’elle connaît le maniement de la radio. Le campement se réveille peu à peu et Laroche vient régler l’appareil. Les hauts-parleurs sifflent alors qu’il se connecte. Une voix paniquée :

« À l’aide, si vous entendez, envoyez de l’aide immédiatement, ici Tony Hopewell. j’appelle le Tallahassee, Mac tu m’entends ? Chkrrrr Nous sommes attaqués ! Ils sont... tChkrrrrt. »

Il s’agit de l’opérateur radio de l’expédition de Lady Lexington, Laroche nous confirme que c’est bien son nom. La fin du message laisse entendre des coups de feu et une explosion violente. Avec Starkweather, nous empoignons des jumelles pour chercher un éventuel panache de fumée à l’horizon, puisque l’expédition Lexington ne doit être qu’à une journée à l’Est.

Pendant ce temps, Laroche joint Mac Auley, l’opérateur du Tallahassee. Il confirme apercevoir une fumée. Il est malheureusement au large, trop loin pour pouvoir intervenir. Katherine commence à examiner son avion pour un éventuel décollage mais le temps semble ne pas s’y prêter… il faudra donc intervenir par traîneau.

« Ici Starkweaher. On n’est qu’à une journée de marche. On va apporter du matériel médical. On n’aura pas la place pour du matériel radio : nous tirerons deux fusées éclairantes en arrivant. »

Il me désigne avec Katherine, Elisabeth et Sarah pour lui venir en aide dans cette expédition de sauvetage, avec les maîtres-chiens et un des guides polaires. En une demi-heure, nous préparons le matériel. Il commence à neiger.

Nous partons à deux traîneaux. J’en conduis un et Pularsky dirige le 2e. Notre guide sera Sorensen. Le trajet est éprouvant. Les crevasses sont compliquées à éviter au milieu d’une neige de plus en plus drue. Sorensen garde le cap au milieu du brouillard et nous continuons à progresser. Elisabeth et Katherine, épuisées, finissent par se reposer sur les traîneaux. La neige crisse. Les chiens sont ravis. Starkweather, impatient, prend les rênes de l’autre traîneau. Pulasky est un peu interloqué mais laisse faire. Le groupe, bien motivé, accélère encore le rythme. Katherine laisse échapper son écharpe... mais rien de grave.

Nous arrivons en vue du campement d’Acacia. Une grande cabane unique est installée au centre, et de chaque côté en V, des tentes, un générateur et une station radio. Il y a également une piste d’atterrissage en construction. Il y a du mouvement. Je récupère les armes dans le traîneau. Le générateur fume. Une odeur de toile de tente brûlée nous prend à la gorge. Des hommes sont en train d’essayer d’éteindre l’incendie. Un grand blond nous accueille :

« Bienvenue ! le Tallahassee nous a prévenu de notre arrivée. Nous avons eu un problème avec un de nos gars. Il est sorti de sa tente comme un fou et s’est mis à tirer dans tous les sens avec un fusil, y compris dans le générateur. Euh, M’sieur Starkweather Lady Lexington vous vous voir elle est dans l’abri-cuisine »

Starkweather est très déçu, voire irrité. Il suit le gaillard en direction du bâtiment principal pour aller voir la lady.

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Autour de nous, les gens sont en train de réparer les dégâts. Intrigué, je vais examiner le générateur. Elisabeth et Sarah vont dans la tente médicale, qui semble très surveillée. La machine est en piteux état. Deux hommes sont déjà là, un grand barbu motivé, Charles Sachs, et un autre au crâne rasé très pessimiste, Tuvinnen, le bras en écharpe. Ils évaluent les dégâts et m’expliquent que leur compagnon est devenu fou d’un seul coup dans la nuit. Il a mis le feu à tout le camp, tiré sur des gens et sur le générateur à plusieurs reprises. à croire qu’il voulait notre mort à tous… « Il m’a même tiré dessus ! grogne Tuvinnen, alors qu’on vadrouillait ensemble depuis des mois ! »

Mon examen de la machine me rassure à moitié car elle semble bel et bien endommagée par des impacts de balles et des traces d’incendie criminel.

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Je m’éloigne alors pour faire le tour du campement.

Kyles William, barbiche, cheveux en épis et capuche relevé, un des pilotes de l’expédition est à côté du Belle, le seul avion du groupe. Nous échangeons quelques mots. Il n’a pas été témoin direct de la scène de furie. Il pense qu’Acacia n’est pas femme à diriger une telle expédition. Je lance l’idée qu’il pourrait rejoindre notre expédition, puisque celle-ci semble vouée à l’échec après cet accident.

Je retourne vers la cabane centrale. Starkweather en sort, étant arrivé à un compromis avec Lady Lexington. Nous discutons un moment des termes de leur arrangement. Katherine Kenth, en particulier, semble effrayée par le mélange prochain de nos deux expéditions alors que l’autre semble avoir de graves problèmes… d’après elle, un marin se serait volontairement jeté par-dessus bord pendant le voyage !

Le retour est plus long, moins stressant mais tout aussi fatigant. Je commence à bien connaître mes chiens. Diriger un traîneau est une tâche épuisante mais très gratifiante. Les chiens sont joyeux et dynamiques, un trait de caractère qui manque foncièrement aux hommes et aux femmes de nos équipes ces derniers jours. Je dois rester concentré, maintenant que nous sommes si proches du camp de Lake. Je suis l’un des rares à avoir une vague idée de ce qui peu nous y attendre... My god ! Je suis à la fois impatient d’y être... et mort de peur à l’idée d’en être si proche...

Le départ pour le campement de Lake est prévu pour le 27 novembre. Nous irons au camp de Lake par avions et y retrouverons l’expédition Lexington. Nous organisons le départ avec les deux aéroplanes – dont celui de Katherine – quand Starkweather annonce qu’il renonce à nous accompagner pour aller affronter un sommet invaincu. Tous tentent de le convaincre de renoncer, sans succès.

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Le jour se lève. Les mécaniciens font chauffer les moteurs de deux avions. Starkweather part avec Gunnar Sorrensen avec un traîneau, à l’assaut du mont Nansen. Katherine lui fait ses adieux avant d’inspecter son Felicy et faire la visite de prévol.

Nous décollons. La météo est parfaite. Tout est blanc, froid. Nous commençons à approcher des contreforts des montagnes. Le paysage est incroyable. Même l’Himalaya ne peut rivaliser face à cette chaîne de titans. Plus nous avançons, plus elle semble gigantesque. Le camp de Lake est établi au pied des montagnes. Je passe mon temps le visage collé au hublot, fasciné par ce panorama. Nous montons à 3500 mètres et les pics nous dominent largement devant nous. Je cherche le camp à la jumelle alors que nous entrons dans l’ombre des pics. Nous subissons brutalement d’énormes trous d’air alors que nous continuons à monter en altitude. Le Belle, de l’expédition Lexington, vole non loin de nous, et j’arrive à distinguer le Weddell, le Boeing 247 de notre expédition piloté par Dewitt, loin sur l’aile droite.

Après plusieurs heures de recherche, nous finissons par repérer un renflement dans une sorte de cuvette. Dans cette obscurité doit se trouver, d’après Moore, l’emplacement du camp de Lake. Katherine amorce doucement sa descente. Nous distinguons bientôt les vestiges du campement. Le vent est capricieux, Miss Kenth est tendue, concentrée sur son pilotage. Elle repère la piste et parvient à se poser. La glace craque sous les patins, nous sommes bien secoués mais nous voilà à bon port !

Le rugissement des moteurs du Messerschmitt s’éteint, remplacé par le silence et le sifflement du vent, un son de désolation et de solitude. Durant quelques instants personne ne bouge puis le professeur Moore décroche sa ceinture et se retourne vers nous, nous regardant droit dans les yeux les uns après les autres.

« Vous savez pourquoi nous sommes ici, bien entendu » dit-il d’une voix basse, grave et déterminée, « Nous sommes ici pour découvrir ce qui c’est passé il y a trois ans, ce qui s’est réellement passé. Quelque choses de dramatique a eu lieu à l’extérieur de cet avion, à quelques mètres de nous, je ne sais pas de quoi il s’agissait mais cela m’a privé de plusieurs de mes amis les plus chers. Et ceux qui savent – ceux qui sont revenu à nous – refusent de nous le dire. »

Il s’arrête quelques instants pour donner du poids à ses paroles.

« Je connais ces hommes, tout comme je connaissais ces hommes qui ont péri. Lake, Atwood, Caroll… c’était de bons compagnons, des hommes valeureux. Ils ne craignaient pas l’inconnu. Dyer et Franck Pabodie étaient courageux eux aussi. Sans crainte de mourir – sans craindre la vérité. Ceux qui sont revenus cependant, chacun d’entre eux nous mentent. Il y a une chose qu’ils nous refusent de révéler. Je vous demande votre aide. Vous n’hésitez jamais à mettre à jour ce qui est caché, ni à interpréter ce que vous découvrez. J’ai besoin de savoir ce qui se cache ici, tout ce qui se cache ici, avant d’en avertir Starkweather. Ne touchez à rien pour l’instant mais trouvez tout ce qu’il y a à trouver. Déblayez autant de neige que possible sans déranger les preuves. Il nous reste une bonne partie de la journée avant que les foreuses et les fondeuses à glace arrivent. Une fois vos tentes montées, le site sera entre vos mains jusque là. Je veux savoir ce qui a tué mes amis ! »

À travers le hublot il fixe quelques instants le Belle et son équipage aux visages identiques derrières leur lunette de neige, puis tourne la poignée de la porte.

Le gaillard est déterminé. Je ne le suis pas moins. Nous voilà enfin à pied d’œuvre !


Messages

  • Merci à Geoffroy pour la relecture ! en particulier les noms propres, pas évidents à bien écrire à la volée, et les dialogues clefs, qui vont un peu vite pour mes petits doigts agiles.

    • reste qq petites fautes de frappe. :p

      mais sinon super résumé... on est plongé dans le froid et on vit l’aventure... que malheureusement je ne jouerai pas en tant que PJ vu que la campagne a été abandonnée pour cause de manque de tps + déménagement du MJ. Vivement le prochain résumé.

    • J’ai relu et corrigé pas mal de fautes de frappe, effectivement. C’est le souci quand on tape l’essentiel du résumé en ’live’, des fois on est pris par l’histoire et on ne regarde plus ce qu’on écrit ! Merci au MJ de nous faire voyager !

  • Merci pour ce beau résumé !
    on est enfin a pied d’oeuvre, on sent que le major le plus ancien Pj de la campagne est seul à meme de comprendre les enjeux sous jacent de l’expédition, comme à dit giom le résumé reflète aussi bien le froid ce qui me réjouit en tant que MJ pour avoir réussi à passer ce feeling latent par 27°C IRL ;D

    Une campagne aussi passionnante à mener qu’à jouer (enfin j’espère)