la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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Opération Ratao

...ou "Je rêvais d’un autre monde..."

dimanche 26 septembre 2010, par Aoyuntaï

Finalement, et après de nombreuses discussions sur les plans que je leur ai proposés, tout le monde est venu pour l’opération Ratao. Mes nombreuses idées les ont certainement rassurés.
Les priorités de chacun sont diverses, mais l’essentiel est que nous sommes tous regroupés dans une action commune. J’ai pu voir Hiyèl pendant qu’Asshâni creusait une ouverture dans l’une des maisons accolées au rez-de-chaussée du monastère. Hiyèl nous garantit une planque dans le chantier en construction, contrôlé par la coterie Khalid, qui y a installé des arènes de combats et de paris clandestins.
Iris & Ecuménas, Kallicé l’irascible et son nouveau comparse Asshâni, Cush & Lycaon, et moi pénétrons donc en toute discrétion dans cette maisonnée où la famille dort tranquillement à l’étage.
J’ai apporté un tonnelet d’huile comme je le souhaite malgré les peurs irraisonnées des deux Mekhet. Kallicé n’a pas compris ce que je lui ai expliqué au moins à deux reprises, et dévie le sujet en devenant inutilement agressive. Elle mélange tout. Elle commençait à me reprocher injustement de ne pas lui avoir obéi dans sa recherche pour son apprentie, et de ne pas prendre des risques inconsidérés pour compenser son manque de prudence élémentaire vis-à-vis du temple de Marduk et sa couardise à ne pas aller elle-même surveiller Aëshala dans son apprentissage. Qu’elle envoie son "frère" si lui veut bien obéir docilement ! Elle ose comparer son manque d’actions pour excuser qu’elle veut agir comme bon lui semble, et ne pas nous connaître si les choses tournent mal. Comme je lui ai rétorqué, elle sera associée à notre groupe qu’elle le veuille ou non, puisque tout le monde nous voit agir ensemble la plupart du temps, comme la visite hier au temple pour sacrifier un taureau.

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Faisant abstraction de ses répliques stériles, je me concentre sur l’utilisation du pouvoir de Cush, qui m’explique comment il va entrer dans le corps de cette chauve-souris. Fantastique !

Asshâni lui va entrer en dissimulation. Je reste planté près de l’ouverture avec une flèche encochée dans mon arc, et les autres flèches plantées prêtes à servir. Cush, ou plutôt son corps, tombe dans un sommeil profond, incapable de se défendre. Heureusement je suis là, avec Lycaon pour le protéger. Je ne vois plus Asshâni. La chauve-souris entre dans la salle à manger déserte à cette heure avancée de la nuit. Quelque chose ne va pas, car peu de temps après Cush se réveille et me dit que son pouvoir ne fonctionne pas encore. Asshâni revient aussi, et visible de surcroit. J’explique à Cush que sa maitrise n’est pas en cause, mais bien plus probablement la magie du temple de Marduk qui empêche nos pouvoirs de sang de s’exercer. Asshâni veut faire une nouvelle tentative. Cush l’accompagne. Je reste au début en voulant assurer la sécurité d’Iris, qui elle reste dans la maison. En réfléchissant bien aux risques, je parviens à la conclusion qu’Iris risque moins avec son Ecuménas et la froussarde Kallicé qui saura détecter tout danger bien avant qu’il n’arrive, alors que Cush est entré sans protection dans le monastère. Je ne peux le laisser seul. Je vais pour le rejoindre, et parcours la grande salle à manger. Au moment où je m’apprêtais à traverser le couloir, l’éclat flamboyant des torches incendiaires redouble d’intensité et embrase l’interminable couloir d’une lueur dangereuse et malsaine.

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Confus et frustré de ne pouvoir porter assistance à Cush, j’explose de colère silencieuse devant ce piège de toute évidence d’origine magique. Je fonce alors en revenant sur mes pas pour vérifier que tout va bien dans la maison où restent Iris, Lycaon, Ecuménas, et Kallicé. Ayant un besoin urgent de réfléchir, je me fonds dans le sol en terre pour trouver le calme nécessaire à la réflexion. Comme d’habitude mes réflexions profondes me permettent de trouver la voie de l’action efficiente. Je ressors de terre, calme, et résolu à affronter toute magie perfide de ces lieux mystiques pour aider Cush avant qu’il ne soit dans le besoin. Armé de mon arc et de ma volonté inflexible, je franchis ce redoutable corridor. Je m’arrête devant l’escalier qui monte aux étages, et aperçoit une trappe ouverte dans le sol. J’attends quelques instants et je vois Cush et Asshâni qui ressortent du sous-sol, n’ayant rien trouvé. Cachés sous l’escalier nous écoutons les conversations et les préparations des novices pour une cérémonie cette nuit. J’explique à Asshâni que les voix masculines proviennent toutes du 1er étage, alors que les voix féminines plus éloignées viennent du 2ème étage, celui des femmes. Nous attendons encore et comprenons qu’ils vont tous passer par le rez-de-chaussée. Rebroussant chemin pour nous cacher dans la salle à manger, un bruit soudain alerte un prêtre qui descend l’escalier pour vérifier ce qui se passe. Etant parvenu avant mes compagnons au bout du couloir piégé, et Cush à mi-chemin, je ne peux conseiller Asshâni qui doit intervenir seul. Heureusement il a la présence d’esprit de se retourner et de bluffer ce prêtre trop curieux, avant de se précipiter vers lui. Cush le blesse d’une pierre de sa fronde, Asshâni le taillade gravement aux jambes, puis l’assomme, malheureusement pas avant que son cri ne résonne vers l’étage. Asshâni emporte le corps du prêtre assommé et blessé, laissant une trainée sanglante derrière lui. Ne pouvant intervenir sans le trahir aussi vite, Cush et moi restons à l’affût prêts à tirer et partir au combat. Asshâni dépouille le prêtre de sa tunique et revient à toute vitesse vers nous. Nous sortons tous par la maison. Lycaon et Ecuménas sont là. Ce dernier nous apprend qu’Iris et Kallicé sont parties détourner l’attention des gardes devant le temple. Connaissant les méthodes d’Iris, je comprends ce que signifie "détourner" pour elle, et ne peut empêcher une mimique désapprobatrice. Quant à Kallicé, comme d’habitude elle agit comme elle souhaite, sans nous prévenir auparavant.
Peu importe, nous nous dirigeons alors vers le chantier comme prévu initialement, là où se déroulent les combats. Tous réunis, nous essayons d’élaborer une stratégie différente, un peu à l’écart de la foule des spectateurs venus assister aux combats de chiens. Soudain un des chiens du remplaçant de Bashir s’en prend à son maître en l’attaquant férocement. Son deuxième chien devient enragé également.
Je tourne la tête vers Cush. Son regard fixe et impassible en direction du malheureux remplaçant agressé trahit une intense concentration, confirmant mon soupçon. Je détourne les yeux de l’abominable spectacle qui fait rire la foule, avant de la rendre ébahie de stupeur. Malgré mon avertissement silencieux à l’égard des chiens redevenus calmes, les portes se ferment, et ils ne peuvent s’enfuir. Les gardes interviennent alors et exterminent les chiens. Cush semble n’éprouver aucun remords.

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Après avoir examiné la robe récupérée par Asshâni, nous allons chez un marchand de tissus pour nous procurer de semblables robes, afin d’infiltrer directement le temple pendant la cérémonie qui va s’y dérouler en se faisant passer pour des prêtres.
Nous voici donc tous en train de pénétrer dans le temple par la grande porte, sauf Iris qui préfère ne pas venir, et Lycaon qui reste à l’entrée du temple. Nous nous équipons avec les pendentifs adéquats, et je recommande à chacun de rester en file indienne et de suivre mes indications pour ne pas nous faire repérer. J’ai en effet reconnu certaines de leurs pratiques rituelles. Cush au passage a reconnu le symbole de Lilith sur les médaillons. Trop tard pour s’en inquiéter.

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Nous montons dans la ziggourat Etemenanki, en grimpant la rampe ascendante du corridor cubique s’enroulant le long de la paroi interne de la tour, tour dont la largeur se resserre vers le sommet.
Les parois de pierre semblent vibrer très légèrement. Est-ce de la pierre ordinaire ? Pourrai-je m’y fondre dedans en cas de nécessité ? Ce n’est pas la seule surprise qui nous attend. Nous croisons maintenant des ouvertures sur la paroi interne à l’intérieur… et sur la paroi externe s’ouvrant sur des couloirs ou conduisant à des salles en théorie à l’extérieur de la tour ?!? Un peu après nous apercevons d’autres processionnaires qui semblent marcher sur le mur, grimpant un escalier qui part sur le mur, pour arriver au plafond, la tête en bas ! Nous nous apercevons alors que nous sommes nous-mêmes plus ou moins à l’envers par rapport au chemin que nous avons emprunté. La magie est puissante en ce lieu.

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Nous débouchons enfin dans une vaste salle sphérique, où le plancher incurvé mène vers une boule de lumière se trouvant au centre. Nous prenons position en cercle en nous calquant sur le placement des autres. Une vingtaine de prisonniers attachés, dont Bashir et la boite de Ratao sont en face de nous par rapport à la sphère, avec autant de gardes armés derrière eux, formant un second cercle. En face des prisonniers et prolongeant le premier cercle une vingtaine de novices, et derrière eux dans le second cercle se placent un même nombre de prêtres. Nous sommes parmi ceux-ci. Cush est à ma droite, lui-même à gauche de Mooz, le prêtre qui dirige la cérémonie. A ma gauche Kallicé, et à sa gauche Asshâni. Le premier cercle (prisonniers et novices) se tient juste à la limite d’un cercle de pierres de couleur au sol. Nous distinguons une lumière presque aveuglante qui exerce déjà une attirance sur chacun. En fermant un peu les yeux je parviens à distinguer par la force de mon esprit une pierre centrale d’où émane la lumière, et qui nous attire. Mes connaissances chamaniques me permettent alors de comprendre que cette pierre est dans un monde spirituel, et ouvre un passage dans notre monde par sa puissante magie.

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J’aperçois même des extraits du monde volcanique, aride, et rocailleux qui se trouve au-delà. Veulent-ils faire entrer quelqu’un ou quelque chose dans notre monde ?
Cush et moi avons la même idée : pousser Mooz vers le centre dont nous percevons l’attraction. Je lui chuchote de patienter encore un peu, d’attendre un moment où tout le monde sera concentré sur le rituel. Kallicé veut nous aider, et se tient prête, tandis qu’Asshâni va s’occuper d’Aëshala.
Le prêtre commence son incantation, reprise par tout le monde en chœur. Quelques novices franchissent le cercle de pierres au sol et avancent d’un premier pas… puis d’un deuxième avec de visibles efforts de volonté. Les gardes commencent à pousser les prisonniers qui sont réticents. C’est le début d’une cohue générale. Sur un regard de connivence Cush et moi passons à l’action. Kallicé aussi. Cush est si rapide qu’il pousse Mooz avant que j’ai pu avancer, sans doute gêné par Kallicé qui pousse aussi le prêtre. Cush pousse Mooz si fortement que mon aide lui est désormais inutile. Ratao et Bashir sont poussés à travers le cercle et commencent à être attirés eux aussi au centre. Je m’élance donc vers Ratao et Bashir, en traversant l’espace près de la sphère lumineuse. Je suis obligé d’utiliser toute ma volonté pour résister à l’attraction de la pierre lumineuse. J’attrape la boite de Ratao et agrippe Bashir par la jambe. Je plonge au sol pour ne pas être aspiré par ce puits infernal. Asshâni dégaine sa dague et essaie de ramener Aëshala avec lui hors du cercle. Sa dague dégainée crépite d’énergie. Kallicé parvient à sortir du cercle, observe et essaie de trouver un moyen de briser le rituel. Cush frappe Mooz du plat de sa hache et d’une bille de fronde. Mooz est assommé et aspiré par le puits de lumière. Je lutte de plus en plus fort, en me concentrant de toue ma volonté, pour ne pas être entrainé en retenant la caisse de Ratao d’une main et Bashir de l’autre. Je comprends que mon âme est aspirée hors de mon corps par ce puits. Cush arrive à la rescousse. Il longe le bord du cercle dont il est parvenu à presque s’extraire. Il me saisit, tandis que je tiens toujours fermement la caisse de Ratao et Bashir. Ratao, Bashir, et moi commençons à remonter vers le bord du cercle. La plupart des autres prisonniers et novices ont été aspirés par la lumière et ont disparu. Kallicé nous dit : « Ne sortez pas trop vite. » Qu’est-ce qu’elle raconte ? Toujours aussi nébuleuse même en situation d’urgence. Nous résistons encore quand je m’aperçois que nos âmes sont tellement étirées et aspirées par la pierre magique centrale que si nous sortions du cercle de pierres de couleur, nos corps seraient définitivement coupés de nos âmes déjà passées dans l’autre monde. Nous mourrions alors à coup sûr, le corps et l’âme étant séparés irrémédiablement. Je crie à tous que nos âmes sont déjà de l’autre côté, et qu’il nous faut les rejoindre avec nos corps si nous ne voulons pas mourir.
Je lâche prise. Cush et Asshâni font de même. Nous sommes aspirés irrésistiblement. Kallicé n’hésite qu’un instant avant de nous rejoindre.
Nous tombons dans un tunnel lumineux pendant quelques instants.
Et nous arrivons de l’autre côté…
Je reprends mes esprits –littéralement !- et libère Ratao de sa caisse. Il se juche sur mon épaule. Cush est là aussi. Bashir est secoué, mais semble indemne. Me retournant je vois une gigantesque arche de pierre avec des visages torturés et grimaçants.

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Le puits des âmes. Celui par lequel nous sommes arrivés… Mais où ?