la guilde d’Altaride

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[Fils des Siècles]

Libre

L’histoire d’Iris, avant sa renaissance

mardi 31 août 2010, par GIOM

Les jours, les semaines et les mois passèrent... pour, deux ans plus tard, ....

Dès la nuit suivante, je l’avais recherchée, inconsciemment. En me rendant à la Taverne de la Lune j’avais emprunté le même chemin sans même m’en rendre compte. Mais personne n’avait daigné tenter de me voler. Eryx avait été ravis des nouvelles que je lui avais apportées mais je serais bien incapable aujourd’hui de savoir quelles étaient celles-ci. Je me souviens juste que je faisais mine de m’intéresser aux conversations politiques et militaires sur la situation de la ville assiégée, alors que je n’avais en réalité fait que lutter contre le souvenir du regard sombre de la petite.

C’est donc le surlendemain que je commençai à réellement la chercher, obnubilé par ce regard autant que par l’incompréhension de m’être ainsi laissé attendrir.
Mais rien.

Les semaines suivantes, face à l’absence flagrante de succès, j’en vins naturellement à engager des serviteurs. Sans plus d’efficacité.

Deux ans s’étaient ainsi écoulés. Une longue période de vie pour des mortels à l’époque. Quelques instants seulement, pour moi. Pourtant en deux années il aurait été possible d’accomplir beaucoup de choses.

En deux ans, j’avais délaissé mon travail d’influence au sein de la Cour du Roi Priam. Chaque nuit, chaque soirée à parler politique ou guerre, chaque courtisane dans mon lit me rappelait un peu plus ma solitude en tant qu’Immortel.
L’âge me pesait également. Et je craignais de devoir me retirer pour de longues années sans avoir pu m’assurer une « transition ».
J’avais même demandé à Eryx l’autorisation de me choisir un infant. Le Prince avait naturellement accepté. Il ne pouvait de toute façon que difficilement me refuser quelque chose. Malgré mon désintéressement affiché pour la politique de l’Olympe, mon influence sur place restait réelle.
Mais je n’arrivais pas à trouver celui ou celle qui me correspondait. Trop arriviste, trop peu d’ambition, un corps trop « quelconque », il y avait toujours quelque chose.

C’est alors qu’un de mes contacts en ville m’apprit qu’une jeune femme de 13 ou 14 ans venait d’être arrêtée pour tentative de vol à l’étalage. Un crime puni le plus sévèrement en période de siège. Je ne pus m’empêcher de repenser à cette nuit. Je devais vérifier s’il pouvait s’agir de la même gamine.
Je me fis donc conduire dans la cellule commune dans laquelle elle avait été jetée.
A peine j’eus aperçu son visage que je la reconnus. Elle au contraire, me dévisagea comme n’importe quel quidam. N’avais-je pas réussi à marquer sa mémoire ? Peut-être était-ce après tout pour le mieux.
Je questionnai le geôlier sur la sentence qui lui était destinée.
Les ordres de notre Prince Hector sont clairs Messire. La nourriture est précieuse et il est hors de question de la gâcher avec des rebuts de notre civilisation qui ne pensent qu’à sa perte. Elle sera pendue d’ici deux jours.

Je n’étais pas surpris. Mais je ne pouvais pour autant m’y résigner. J’aurais pu manipuler le geôlier, quelques gardes, voir les soudoyer, et la faire sortir en l’instant. Mais cela aurait été tout sauf discret et opportun. Et les siècles d’expérience acquise me conseillaient de faire mieux que ça. Nombreux Immortels m’auraient même conseillé d’abandonner complètement cette idée saugrenue et futile, d’ailleurs.

La nuit suivante la première manifestation d’étudiants éclata. Quelques heurs eurent même lieu devant les geôles du secteur ouest. Rien de dramatique et la milice repoussa tout ce monde.
Au matin, le geôlier constata avec surprise que deux de ses gardes avaient été assommés et qu’une des condamnés avait disparu.
L’homme bedonnant avait mieux à faire que d’en informer ses supérieurs et en subir les conséquences. L’évasion ne fut donc jamais signalée.

Le jeune fille, presque fleurie, me regarda longuement lorsque nous nous arrêtâmes loin de la prison.
— Tu es libre, lui dis-je.
— En échange de ?

Sa répartie me fit sourire, malgré moi.
— En échange, tâche de survivre sans mon aide. Nous nous recroiserons prochainement, j’espère.

De nouveau la gamine hésita.
— Nous nous sommes déjà vus, non ?
— Non. Jamais. Et je préférerais que tu oublies également ce qui s’est passé cette nuit.

J’aurais presque pu en faire mon infante. J’avoue y avoir vivement pensé. Mais elle était encore trop jeune. Passer l’éternité dans un corps de fille et non de femme, cela aurait été contre nature. Si le destin nous liait, elle saurait bien vivre encore quelques années…