la guilde d’Altaride

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Fils des siècles

Une nuit dans le camp des Achéens

Ambiance de chronique

jeudi 1er avril 2010, par Benoît

Le champ de bataille avait une odeur de fer.

Le sang maculait les bottes des Achéens, qui se repliaient en silence. Seul le cliquetis des jambières et des boucliers résonnaient sur la plaine. Les hommes, harassés, tête basse, rentraient vers le camp. Une fois encore, Troie avait résisté quand tous la donnaient déjà vaincue, à genoux devant ses vainqueurs. Les héros n’en finissaient pas d’approcher de la victoire...

Ce soir-là, un vent doux soufflait depuis le large. Au bord de la vaste plaine se dressaient les tentes des guerriers, comme d’innombrables taches blanches. Plus loin, on apercevait le rivage, près duquel restait la flotte achéenne, tranquillement amarrée. Au fil des années, les assiégeants s’étaient installés et c’était maintenant une véritable petite ville qui se tenait sur la côte, coupant Troie de son accès à la mer. Sur les mats et les tentes, les drapeaux des rois de Grèce flottaient fièrement, claquant au vent.

L’armée rentrait au camp. Toute la journée, les rois avaient mené l’assaut, sans succès. Les murailles de Troie restaient invincibles, inébranlables. Dans les rangs des soldats, on serrait les dents. Beaucoup ne se retenaient que difficilement. Voilà des années qu’ils étaient partis loin de leur famille, de leur maison, de leur peuple, pour suivre leur souverain dans cette folle guerre d’honneur. Mais l’honneur était plus fort que tout, et seuls les dieux pouvaient briser un pacte comme le serment de Tyndare.

Le soir tombait maintenant tandis que les soldats, usés par le combat, se répandaient dans le camp, organisé selon les royaumes. Alors que les étoiles s’allumaient dans le ciel, chacun tentait d’oublier les douleurs de la journée, pansait ses plaies et se restaurait du mieux qu’il le pouvait. Une ombre furtive, pourtant, semblait ne suivre aucune de ces routines familières. Silhouette indistincte en cette nuit calme, elle se déplaçait comme un fantôme entre les tentes : aucun son, aucun bruit ne naissait sur son passage et c’est à peine si l’œil lui-même parvenait à retenir un instant son empreinte. Sûre d’elle et de sa discrétion, l’ombre se glissa dans une tente à l’entrée du quartier spartiate, devant laquelle une lourde armure de cuir était posée sur une paire de bottes ensanglantées. Un instant plus tard, un gémissement étouffé s’envola de la tente pour se perdre dans la nuit.

Une ombre avait frappé.


À suivre...

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