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Poésie
Un Art
Calli Kayan
mardi 6 juin 2006, par
| Dans une salle ou se côtoient ombre et lumière |
| Une voix douce, mystérieuse emplie l’espace |
| L’élève guidé écoute, |
| Enrobé de cette voix comme d’une Force |
| Il exécute les gestes, |
| À travers lui des centaines d’années s’écoulent |
| Des centaines d’années de savoir transmit |
| Pour ne pas oublier les gestes, pour que, comme le temps |
| L’art soit immortel. |
| L’élève apprend jour après jour, semaine après semaine, mois après mois |
| Dans cette même salle où selon l’heure se succèdent ombre et lumière |
| Son maître le corrige avec patience, |
| « Cet art ne t’apprendra jamais à maîtriser ton corps |
| Cet art t’apprendra à vivre en harmonie avec lui » |
| Et sa voix coule, coule |
| Comme le chant paisible d’un ruisseau. |
| Un jour où l’élève viendra comme à son habitude |
| Son maître assis posera son regard sur lui |
| Regard empreint de sagesse et de douceur |
| Le soleil témoin de ses années d’entraînement brillera |
| La voix de son professeur résonne dans la salle, dans sa tête |
| « Tu sais » |
| Lentement le maître se lève, s’éloigne, la porte se referme |
| Dans la salle l’élève devenu maître regarde le soleil éblouissant, sourit |
| Ses gestes sont vifs et précis |
| Il ne fait plus qu’un avec son corps |
| Un jour peut-être transmettra-t-il à son tour |
| L’art du karaté. |
Calli Kayan, 2004.
