la guilde d’Altaride

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Campagne Ars Magica - Nantes

Révélations

extrait des mémoires d’Ailin Doublevue – Tome II - « Fondations »

mercredi 7 mars 2012, par GIOM

Un mois s’était déjà écoulé. L’automne 1185 avait bien avancé et le navire qui nous conduisait vers la petite ville de Cherbourg savait que la période n’était pas la plus propice à la navigation. A bord, mes échanges avec Amalrik allait révéler la richesse de son passé...

Le Palais Chimère n’était pas si loin dans mon esprit et j’avais la certitude que le navire brûlant de flammes inextinguibles était directement lié à un rite funéraire viking. Je profitai donc du voyage pour évoquer ce sujet avec Amalrik. Tel Pandore ouvrant sa jarre et laissant se répandre sans fin les maux sur l’humanité, je crus avoir ouvert la plaie du passé du géant viking sans qu’il ne soit possible de la refermer.

AmalrikJe ne coucherai pas ici le détail de ce qu’il nous raconta ni la ferveur qui l’anima dans son récit. Nul besoin de préciser cependant que ce fut le rouage qui me fit découvrir sous un autre jour notre compagnon de route.

La première chose qu’il évoqua fut la femme rousse que nous aperçûmes aux côté du nain Zvorikin, au Palais Chimère. Elle pourrait être qualifiée de parente... voir même de sa tante, nous expliqua-t-il. Yacinthe était son prénom, sœur de sa mère.

Mais par parente il ne faut pas y voir un quelconque lien d’affectivité positive. Yacinthe voulait réveiller « quelque chose » en Amalrik... Pour ce faire, quelqu’un l’avait « fait tuer sa mère » par par étranglement. Ce « quelque chose » s’était réveillé mais Amalrik l’avait chassé... sans le détruire.
Amalrik devait son visage ravagé à cette Yacinthe.

Amalrik évoqua aussi son père, qui avait été chef du clan et était mort 5 années auparavant. Son père était un guerrier Jötunn. Un guerrier géant.

Il évoqua enfin son oncle, frère de son père, qui était également devenu son beau-père car marié avec sa mère en ayant pris le contrôle du camp... Pour l’orphelin simple que j’étais cela faisait beaucoup !

Amalrik avoua avoir demandé à la Dame Blanche si elle savait ce qu’il était. Si Yacinthe avait été vue dans le Palais Chimère c’était qu’elle cherchait quelque chose. Mais quoi ?

La conversation se poursuivit avec Aodren et Xzyl, séparés des oreilles non averties par un simple sort. Il faut avouer que les événements de Brest nous avaient rendu méfiants vis à vis de Dame Catherine. Une certaine distance s’était créée.

Xzyl prit le récit à son compte et nous raconta avoir évoqué avec la Dame Blanche la « pierre » qui constituait son trône. Xzyl en avait même demandé un morceau. Vœu accepté. Les premiers jours à bord avaient déjà permis à notre confrère et ami d’étudier cette roche. « Ombre Solide » ou « Ombre Pierre » était d’origine féerique et avait probablement un lien avec la Pierre Noire de notre Alliance. Ombre Pierre avait probablement permis de créer les bracelets qui nous empêchaient d’utiliser la magie... Xzyl projetait déjà d’étudier plus amont cette Ombre Solide et découvrir ses propriétés magiques.

Xzyl expliqua aussi avoir appris des choses sur le peuple féerique mais que beaucoup lui restait à apprendre. Étonnant, il expliqua que la Dame Blanche avait passé la parma magica de Xzyl sans la toucher.

Nous arrivâmes finalement à Cherbourg. Dame Catherine avait explicité son refus de poursuivre avec nous jusqu’à Confluensis. Nous n’avions nul autorité sur elle et la laissèrent donc dans la petite ville de Cherbourg.

Un rêve étrange perturba ma nuit.
Seul au bord d’un fleuve aux eaux totalement noires. Au loin une étrange construction : sorte de cathédrale de chair. Dont il fallait que je m’éloignas. À bord d’une barque à fond plat, je poussais et poussais de plus en plus vite sur la perche pour avancer. Ces mains fines et soyeuses qui tenaient la perche étaient-elles les miennes ? Une sensation oppressante d’être cherché activement. Au loin le fleuve se divisait comme un delta vers la mer. Une porte de sortie. J’entendis un bruit. Quelqu’un qui me cherchait, m’appelait, pas oppressant. L’eau commença à faire des vaguelette contre le courant comme pour m’arrêter. Apparut sur la berge Dame Catherine appelant à l’aide. Je me dirigeai vers elle, elle courait à côté. Je tendis la main pour l’attraper... mais il y eut une sorte d’énorme tremblement de terre. J’ai été retrouvé ! Pensé-je aussitôt dans une voix qui n’était pas la mienne. L’eau s’engouffra dans une fissure créée au milieu du fleuve. Je saisis Dame Catherine, ma sœur, par la main. Dans le médaillon qu’elle portait au cou se refléta mon visage. Le visage de Stanislas !
Une sorte d’éclair me frappa. J’entendis un hurlement de rage, de frustration.

Je me réveillai en sursaut, constatant qu’Aodren, Xzyl et même Amalrik venaient de se réveiller en nage, tout comme moi. Il ne fallut pas longtemps pour découvrir que le rêve nous était commun. Nos parma magica étaient tombées. Il flottait comme une aura magique dans la grange qui nous hébergeait. Au loin les chiens hurlaient mais la ferme qui nous avait accueillie était étonnamment silencieuse.

Nous décidâmes de retourner à Cherbourg. La ville était calme, trop silencieuse. Tout les habitants, gardes en faction compris, étaient plongés dans un profond sommeil.

Nous parvînmes à son hôtel. Sa place était encore chaude dans le lit mais aucune trace de dame Catherine, même magique. C’est comme si elle avait disparu, volatilisée, « cramée ». Toutes ses affaires, jusqu’à sa robe principale, restées ici. Une aura magique forte persistait sur place mais sans que nous ne pûmes apprendre rien de plus.

Nos inquiétudes pour Stanislas et pour l’Alliance étaient grandes mais nous ne pouvions rien faire, dans l’immédiat... Ou n’avions de solutions pour faire quelque chose. Les années d’étude et d’expérience m’ont permis de repenser à cette nuit. Peut-être serai-je mieux armé dans une vie prochaine.

Deux jours de marche et une journée de barque dans les marais nous attendaient pour arriver enfin à Confluensis. Le voyage qui devait être rapide et sans péripéties avait duré plus d’une lune et s’était terminé sur les plus vives inquiétudes.

Mais Confluensis réservait encore bien des surprises et révélations, au simple jeune mage que j’étais, habitué la quiétude du Tribunal des Alpes.