la guilde d’Altaride

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Campagne Ars Magica - Nantes

Par delà le Royaume des Morts

extrait des mémoires d’Ailin Doublevue – Tome II - « Fondations »

mercredi 2 novembre 2011, par GIOM

Nous avions été imprudent. Mais la vie nous avait été laissée et nous offrait une seconde chance, fusse-t-elle difficile à saisir.

La sensation d’humidité fut la première chose que je ressentis. Suivi aussitôt par la dureté et la froideur du sol sous mon corps. J’ouvris les yeux et me redressai doucement. Une lumière diffuse était apportée par des champignons poussant ça et là. Mon corps n’était pas douloureux mais je ressentais cette désagréable sensation par trop récurrente. Ma main se porta à mon torse. Même si mes doigts ne pouvaient les sentir, je savais qu’ils étaient là.
Je m’approchai d’une petite flaque d’eau et pu constater la forme d’une corne. Un symbole que j’identifiai alors comme possiblement démoniaque bien que mes connaissances de l’époque étaient bien limitées.

Une marque angoissanteLa pièce était carrée, creusée à même la roche et fermée par une porte plus haute que deux hommes l’un sur les épaules de l’autre. Mes compagnons étaient tous là, encore endormis. Nus ou quasiment. Je tentai d’user de magie mais dus m’arrêter aussitôt, un bracelet était passé autour de mon poignet et se resserrait inexorablement si je tentais de faire appel aux arcanes magiques. Utiliser ma magie entraînerait obligatoirement la perte de ma main. Un sacrifice envisageable à condition que le sort en vaille la peine, ce qui n’était pour le moment pas le cas.

Le bruit de mes compagnons qui se réveillaient me ramena à la réalité et je me concentrai aussitôt pour faire disparaître les marques. Mais Aodren avait vu quelque chose puisqu’il m’interrogea aussitôt. Sans lui mentir, je dus le rassurer et détourner son intérêt pour le sujet. C’est la première fois que je me rendis compte à quel point lui et Amalric étaient à ce point préoccupés par l’Infernal. Autant que je peux m’intéresser à... d’autres sujets.

Un cliquetis nous alerta et la porte s’ouvrit, laissant entrer un géant à deux têtes, un Ettin, escortant leur chef : le nain.

EttinEt celui-ci d’utiliser un étrange miroir pour m’observer. Il m’identifie aussitôt comme de la famille Criamon. Il se porta ensuite sur Xzyl, prisonnier lui aussi d’un bracelet, mais ne reconnut rien. Xzyl éleva alors la voix et se fit plus menaçant, une aura se dessina autour de lui, augmentant l’effet... mais rien. Il en fallait plus pour impressionner notre « hôte ».

Le nain se venta ensuite d’avoir trouvé deux nouveaux mages pour sa collection. Il avoua même, fier de lui, qu’il utilisait les mages qu’il enlevait pour progresser dans sa connaissance de la magie. Nul besoin de préciser que c’était certainement pas volontairement que les mages se prêtaient au jeu et il était peu probable que cela se terminât bien pour Xzyl et moi.

En revanche, le nain considérait Aodren comme un simple marchand sans intérêt. L’absence d’aura caractéristique des mages chez lui devait jouer en sa faveur... sauf si la seule issue pour lui fut de finir dans une fosse commune. Le nain sembla par contre reconnaître ou au moins identifier Amalric à l’aide de son miroir.

Le nain repartit satisfait de son passage. La situation était certes mal engagée pour nous. Sentiment exacerbé par le mal-être qui m’assaillait à intervalles réguliers. Mes compagnons, libre de ce genre de sensations, débordaient d’imagination pour trouver une solution... mais en vain.

Dame Catherine se décida finalement à appeler notre duo de geôlier. A peine les deux têtes du géant avaient ouvert la porte que Dame Catherine disparut, ne laissant que sa chemise vide sur le sol. Xzyl tenta ensuite de se fondre dans la pénombre pour s’échapper tandis qu’Aodren tenta de lancer un sort, révélant ainsi son affinité magique. Amalric, pas en reste, enleva le seul vêtement qui lui restait et l’emplit de cailloux pour s’en servir d’arme.

N’ayant aucun sort utile, le poignet enserré, je me sentis d’aucune utilité et ne put que constater les résultats. Amalric fut renvoyé prestement dans la cellule par l’Ettin et Aodren et Xzyl emmenés de force dans une autre salle. Seule Dame Catherine avait réussi à profiter de la confusion pour s’échapper.

la Dame Blanche

Quelques longues minutes plus tard, Dame Catherine revint. Aodren et Xzyl étaient libres. Ils nous délivrèrent Amalric et moi et je découvris qu’une jeune femme les accompagnait : Enora, la fille d’Emeran, Baron de Brest. Son père avait refusé de faire de la contrebande pour le nain ce qui aurait provoqué l’enlèvement de sa fille.

La jeune femme expliqua avoir vu la « Dame Blanche » en apparition. Celle-ci lui aurait indiqué comment quitter les lieux. A l’évocation de ce nom, je pensai aussitôt à l’apparition dans les vagues : la « Maîtresse des Esprits », comme elle me fut nommée plus tard. La jeune demoiselle me confirma que la description correspondait.

La voie vers la liberté n’était pas la plus ragoutante mais aucun de nous n’hésita à plonger par la fosse d’aisance. De celle-ci, une conduite souterraine s’enfonçait toujours un peu plus loin sous terre... jusqu’à atteindre le « Royaume des Morts », selon les propres termes de la Dame Blanche.

La vaste salle souterraine était bercée d’une très faible lueur apportée par les mêmes champignons. Je sentais la présence forte et hostile des esprits présents en ces lieux. Nous ne nous attardâmes donc pas et laissâmes les esprits reposer en paix.

Après une bonne heure d’avancée laborieuse, nous arrivâmes à la bouche ouverte d’une grotte s’ouvrant sur la mer. A gauche comme à droite des falaises escarpées, sans possibilités de passage.

Amalric, plus téméraire que nous autres, affronta la froidure de la mer. C’est alors qu’apparut sous ses pieds un bateau à la blancheur immaculé. Chacun le rejoignit tandis que le navire prenait son essor en direction du large.

Le navire surgit des eaux

Plus loin la même silhouette, celle de la « Dame Blanche », celle qui nous avait sauvé du naufrage quelques jours plus tôt, apparut dans la brume. Elle tenait une orbe bleue qui explosa dans ses mains pour se transformer en l’image d’un oiseau bleuté.
L’apparition prit la parole et prononça ces mots : « Venez me délivrer ! Venez délivrer le Palais Chimère ! »

Le « Palais Chimère », un palais féerique situé en mer... mais où ?

Le blanc navire nous conduisit jusqu’au port de Brest. De retour à l’auberge, nous y découvrîmes que tout avait été volé, y compris le sac caché avec toutes nos affaires les plus précieuses : Vis, monnaie ou autres courriers.
Seule trace du forfait, un bout de parchemin sur lequel écrit « Merci » et signé de ce qui ressemblait beaucoup à une sorte de sygil.