la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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Gemini

Les goules d’Asshâni

mardi 20 septembre 2011, par Asshâni

Je cavalais sans cesse depuis mon départ de nouvelle Phocée, le contrat scellé avec le cercle ne souffrait d’aucun retard, et puis soyons objectif cette malédiction m’énervait au plus haut point : il me tardait de la lever afin de retrouver ma puissance.

D’ordinaire si calme, je devenais facilement irritable, et je ne sais si c’était du à ma torpeur ou mon ancienneté mais je prenais de plus en plus ce que je voulais par la force : Impatient.

J’étais actuellement faible et ma paranoïa reprenait le dessus, je croyais voir des non vivant partout, tapissant leur bête, en chasse contre moi ; le piège du cercle dans les alpes m’avait échaudé.

Pour parfaire le tout je voyageais à l’instinct, déboussolé sur une vieille carne que je trouvais poussif comparé à mon fidèle Im-dir.

Voilà plusieurs mois que je me nourrissais en faisant fi des vies et des âmes que je tuais, me riant des mortels, Lilith m’avait remis en piste, et je la servirai dans la nuit du mieux que je pourrai, mais bon quitte à être séparé de ma bien aimée, je passait le temps comme je pouvais sur mon trajet.

C’était sur ces pensées que je venais de passer les alpes me nourrissant de bergers et d’animaux et c’est affamé et gelé que j’arrivais à l’orée d’un village.
Le bruit des pas de mon cheval atténués par la neige et la quiétude du lieu effleuraient les lambeaux de mon humanité, mais ma bête réclamait son dû : cette nuit encore le démon comme on me surnommait dans mon sillage allais frapper.

Le hameau dans une clairière s’était érigé une défense à la hâte peut être que la rumeur leur était parvenue : une palissade autour de quelques maisons en bois, et quatre fermiers qui montaient la garde … Un sourire carnassier me fendit le visage, les pauvres ne réalisaient même pas qu’ils étaient déjà morts.

Je préférai m’attaquer directement à une maison, ces quatre là viendraient surement par la suite me fournissant un surplus de vitae si c’était le cas. Sous mon manteau de nuit, je passais au milieu des gardes et me dirigeai vers la plus grande bâtisse, j’ouvrai et refermait la porte sur moi.

La maison était constituée d’une unique salle, à droite le bétail à gauche une famille endormie allongé à même le sol ; une ribambelle de gamins inutile pour moi, mais à éliminer pour me nourrir tranquillement sur les trois adultes : largement assez pour reconstituer mes forces.
Le massacre fut rapide : les enfants tués dans leur sommeil, la main sur la bouche ne donnèrent pas l’alarme, me regardant d’un air désespéré. Les adultes vidés de leur essence vitale gisaient dans une mare de sang, j’était repu.
Seulement je n’avais pas pris en compte le bétail, qui se mit à brailler et ruer de peur, attirant les quatre veilleurs, je les entendais questionner de l’extérieur dans leur langue barbare, je passais en dissimulation, ils enfoncèrent la porte. Ils tombèrent sur le spectacle de la famille massacrée , et rapidement ils criaient pour donner l’alarme…

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J’aurai pu partir aussi tranquillement que venu mais j’ai pour habitude de ne laisser aucun témoins de mes forfaits, la suite fut alors sanglante : aucun villageois n’en réchappa, hommes, vieillards, femmes et enfants tous passés au fil de l’épée. Dans des cris qui en d’autre temps auraient atteint mon cœur désormais de glace, la neige qui tapissait la place du village devenait rouge du sang des mortels, tout était juste mécanique, pragmatique efficace.

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Sans aucun témoin j’aurais plusieurs jours avant que ce massacre soit découvert, le froid ralentissant la décomposition des corps, j’aurai peut être même plusieurs semaines d’avance, je serai bien loin.
Je prenais les quelques pièces, seule fortune du village entier, d’un mouvement sec je resserrait la peau d’ours me couvrant les épaules, allais trouver ma monture et me dirigeait vers l’est, ne prenant même pas le soin d’effacer mes traces, la neige aurait tôt fait son travail.

Il s’était passé une dizaine de jours alors que je m’apprêtais à passer la journée dans une grotte, je venais de tuer une espèce de grand chat, précédent habitant des lieux, et me préparait à mon sommeil journalier, seul instant de plénitude où j’avais une chance de retrouver ma Dame. Le Soleil cet ennemi abject et perfide se levait, mais je m’endormais à l’abri de ses rayons.

Mon réveil fut brutal : il y a longtemps que je n’avais ressenti la sensation d’une lame m’entrant dans le corps, déchirant et fouillant mes chairs.
Je me relevais enragé et ouvrais les yeux sur deux jeunes femmes tenant chacune un coutelas ensanglanté, elles reculaient horrifiées de me voir encore vivant mais je ne leur laissait pas le temps de se ressaisir : d’un mouvement surhumain je les saisissais chacune à la gorge et les plaquait violemment contre la paroi.

Un instant passait, malgré la puissance de ma poigne, Elles se débattaient toute les deux comme des furies, essayant de me griffer, leurs yeux de jade me fixant, elles m’hurlaient des imprécations dans leur langue et semblaient s’encourager.

Je m’attardai sur mes deux prédatrices : de tailles respectables, ces deux femmes avaient les cheveux noirs la première les portait court, la deuxième long et ébouriffés, leur peau était très blanche ; elles portaient pour seuls vêtements des fourrures de loups cousus entre elle cachant à peine leur nudité en dessous.

Des ossements qu’elle portaient comme colliers et bracelets cliquetaient à cause de leur agitation, et un crâne d’animal leur servaient de casque pour chacune d’entre elle. Des marques peintes avec du sang parcouraient leurs joues et leur corps à moitié nu et juvénile.

Je sortais mes crocs, je voulais sentir leur peur mais ne senti que haine et mépris en retour, enfin je remarquai l’évidence même elles étaient jumelles et se ressemblaient trait pour trait.

J’avais enfin une distraction : en d’autre circonstance je leur aurais brisé le cou sans plus de questions, mais ces deux sauvageonnes m’intriguait, qu’est ce qui les avaient poussé à m’attaquer ? De plus c’était les premières à ne pas fuir devant moi depuis des siècles … et cette hargne, cette haine profonde me plaisait, à nouveau je sentait un potentiel destructeur et dévoué, en quelques secondes j’échafaudais des plans sur des années, des siècles…

Toujours tenu fermement par ma poigne, elles toisaient mes deux blessures que je refermai en prenant plaisir à voir leur regards désespérés. Elles étaient gelées et devait avoir faim ...
Elles méritaient définitivement réflexion, mais les convaincre de rester gentillement ne suffirait pas : elles voulaient absolument me détruire, je décidais donc de les ligoter dos à dos avec ma chaine en attendant la nuit.

Les premiers temps furent difficiles, mais j’arrivais à les lier au sang à leur insu assez rapidement profitant de leur naïveté et de leur soif (je ne leur avais rien donné à boire), en une semaine ma vitae avait fait le nécessaire, nous communiquions dès lors par geste ou dessins sur les parois, Je comprenais qu’en fait elle appartenait au village que j’avais détruit, et que j’avais massacré leur famille, le destin est parfois bien farceur, serait ce ma maitresse qui me les aurait envoyées ?
Elles, gardaient un troupeau de chèvres dans les contreforts, revenant au village et découvrant l’indicible elles avaient décidé de se venger et avaient suivi mes traces, ce qui expliquait leur détermination et leur méthode d’amatrice, même si je ne leur retire pas que tout autre que moi y serai passé, je me rouillai peut être un peu.

Elles étaient encore sous la défensive deux semaines après mais me donnèrent leur nom, m’indiquant chacune une omoplate gravée qui pendaient autour de leur cou, je traduisais approximativement par Kami et Kama… n’étant pas tellement rompu à l’étrusque.
Je décidais d’en faire mes goules, beaucoup de raisons à cela, ma dernière infante Sharmilla m’avait terriblement déçu, je ne l’avais pas assez éclairé sur sa condition peut être, et souhaitait donc prendre le temps, pour condittionner celles là, qui plus est depuis que j’avais vu le duo dévastateur à babylone je pensais échafauder un binôme surpassant tout les adeptes de la Colère, une paire ultime. Enfin depuis la malédiction j’avais compris que si je tombais contre d’autres non vivants je ne m’en sortirais surement pas indemne, le cout pour outrepasser les limitations était exorbitant.

Après trois semaines nous quittions notre campement de fortune, les filles devenait plus sociables, moins rétives elle versait doucement vers une obéissance affable. Je commençais à leur apprendre l’assyrien, elle faisait des progrès Kama semblait la plus déliée.
Nous menions notre voyage tranquillement, elles étaient toutes deux au final de plus en plus curieuses sur leur condition ou la mienne, et je leur livrai les informations au compte goutte…
Leur devoir, notre mission.
Kama la plus loquace, compris plus vite que sa sœur qu’il y avait une opportunité exceptionnelle, elle ne cessait de me demander comment devenir « un démon » comme moi, j’esquivais sans cesse la réponse, je ne voulais pas les étreindre, pas d’autres Sharmilla, non je les conditionnerai, et les préparerai mieux ; un jour alors que nous arrivions aux frontières de la Grèce, et alors qu’elles s’inquiétaient de savoir combien de temps j’allais les garder à mes cotés, je les fis asseoir et entrepris d’en discuter.

« Je suis fier de vous, et vous garderai à mes cotés pendant un siècle ou deux… »
Je ne leur avait pas indiqué que les non vivants étaient immortels, Kami frissonnait et je sentais sa sœur incrédule, comme d’habitude.
« Non je ne vous mens pas ! si vous faites attention, que vous m’êtes fidèles et continuez à boire mon sang régulièrement vous survivrez votre peau ne se fanera plus vous gagnerez en puissance, suivez mes enseignements dans ses moindres détails, et vous serez immortelles,
Moi-même suis nés il y a plusieurs centaines d’années . Mais je ne veux pas presser le temps, obéissez moi, rendez moi fier, et je ferai peut être de vous mes infantes »

« Nous allons tenter de lever la malédiction qui pèse sur ma famille, ce sera dangereux, mais je vais vous former, comme on aiguise une lame émoussée. Ensuite une fois la malédiction levée nous allons partir en guerre dans un pays lointain, chaud et sec, mais qui menace de déverser un terrible fléau sur le monde… Appuyez moi, servez moi fidèlement et je vous récompenserai par le don de la nuit, faites un seul faux pas, une seule rebuffade et je vous réserve un sort bien plus horrible que la pire mort que vous puissiez imaginer, je ne répéterai jamais ceci alors gravez le dans votre cœur, est ce compris ? »

Les jumelles n’en croyaient pas leurs oreilles, mais déjà sous l’effet du lien du sang, je savais qu’elles me suivraient aveuglément, je leur faisais miroiter toutefois l’illusion du choix.

Je donnais à Kami deux épées courte et à Kama un arc que j’avais acheté dans une grande ville que nous avions traversé quelques lunes auparavant « Voici vos nouveaux meilleurs amis, à la fois amants, enfants, ne vous en séparez jamais, aimez les, dormez avec, vivez avec eux, demain je commence votre entrainement »

Elles étaient interloquées, l’une regardant ses lames se reflétant au clair de lune, et l’autre tenant gauchement son arc comme une fermière tenant une harpe, quant à moi je souriais me rappelant l’entrainement de Nakia, deux cents cinquante ans auparavant...

Nous allions faire une bonne équipe c’est certain.