la guilde d’Altaride

Collectif ouvert d’écriture rôlistique

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La petite caravane dans le marécage

jeudi 7 juillet 2011, par Sophie Conteuse

La nuit suivante, nous nous rendons sur le caravansérail pour trouver un moyen d’atteindre Tanis.
Dans un coin, un scribe recrute des mercenaires pour escorter les voyageurs. C’est peut-être une piste…

Après tout, si la région n’est pas sûre, des marchands ou des voyageurs ne refuseront pas les services de trois soldats expérimentés comme nous. Il nous faut cependant un agrément… Va pour l’agrément.

Je prends donc ma place dans la file d’attente du recrutement. On me regarde de travers, évidemment, une femme n’a rien à faire ici. Mais je ne bronche pas. Akhor prend la suite.

Asshâni se faufile vers le scribe, impatient à son habitude, mais un colosse l’attrape au vol « Tu fais la queue comme tout le monde, le moustique ». Ce n’est pas du goût d’Asshâni, évidemment… Le scribe fait passer deux ou trois candidats, l’un d’entre eux, très doué au maniement du bâton, s’écroule tout à coup dans la poussière. Je jette un coup d’œil à Kallicé, qui a son petit sourire en coin. Bon. On élimine la concurrence…

Le colosse arrive face au scribe, Asshâni propose un combat pour les départager.

Un cercle se forme, des badauds prennent les paris, certains ne donnent pas cher de notre compagnon qui semble bien frêle face à son adversaire. Mais très vite, les deux combattants sont à égalité, et chacun a son agrément. Le colosse dit s’appeler Tenebros.

Je me présente face au scribe qui fronce le sourcil. Je ne me démonte pas et enchaîne des passes apprises au nid d’aigle auprès de Nakia, si bien qu’il accepte de m’inscrire. Les mercenaires sont mitigés : j’ai beau manier la dague avec habileté, j’ai beau les dépasser presque tous d’une tête, pour certains je reste une femme, et peu d’entre eux m’adressent la parole.

Le recrutement s’achève, sans qu’Akhor ait eu sa chance. Mais il ne semble fasciné que par un petit tas de sable souillé de sang qu’il a recueilli après le duel Asshâni/ Tenebros.
Je profite du reste de la nuit pour laisser traîner mes oreilles dans les rues. Près d’une auberge, j’entends un échange entre deux hommes, qui parlent de morts qui se réveillent dans le désert.

Je m’invite à leur table, leur paie une nouvelle tournée. Je leur parais sympathique, ils me parlent donc des légendes du désert : des esprits mauvais s’y trouvent, il ne faut pas les déranger.
Des voyageurs morts et « mal enterrés » (en tout cas pas selon le rite égyptien, que je découvre au passage) sortiraient de leur tombe.
Je prends congé et vais rejoindre mes compagnons pour la journée.

Dès le lendemain, Kallicé met au point un plan : elle est marchande de sarcophages et doit aller à Tanis pour affaires. Nous sommes ses mercenaires et elle cherche un compagnon de route pour partager les frais et prendre moins de risque. Voilà une façon pour nous de voyager sans risque, de jour. Mais nous n’avons pas de sarcophages.
Mes compagnons me regardent.

Bon. J’ai compris. J’installe un atelier sarcophage dans notre chambre… au bout d’une semaine nous voilà en possession de 5 sarcophages bien isolés du soleil ; Asshâni met au point un système de fermeture de l’intérieur.

Reste à chercher un autre marchand…

Asshâni, lui, cherche Tenebros, dont il voudrait faire sa goule. Nous apprenons qu’il a été embauché par un étranger, Ennitourénev. « Celui dont on ne connaît pas le nom », nous dit Kallicé. Nous décidons d’aller le trouver dans son auberge du centre de Damiette. J’ordonne au portier de nous ouvrir, et laisse Kallicé et Asshâni négocier avec l’étranger, à l’étage. L’aubergiste n’est pas rassuré, mais je monte la garde, très calme.

Mes compagnons reviennent, très déçus : Ennitourénev ne veut pas de nos services.

Nous revenons sur le caravansérail où un autre marchand, Djéser, accepte de faire route avec nous. Il transporte du poisson, et faire la route de nuit lui convient tout à fait.

Notre caravane se met en route : quatre dromadaires chargés de poissons, nos deux dromadaires chargés de nos cercueils, et le dernier transportant nos effets personnels. Notamment mon argent et mes bijoux.

Nous entrons dans le marécage. La nature est vraiment étonnante, des plantes grimpent de tous les côtés, j’aurais bien aimé pouvoir en cueillir quelques feuilles… mais nous n’avons pas le temps.
La progression n’est pas facile…

Asshâni s’en sort bien sur Im’dir, mais Kallicé et moi sommes bientôt couvertes de boue. Le marchand de poissons n’arrête pas de parler, de son métier, des espèces locales, des techniques de pêche… et nous n’allons pas assez vite… le poisson n’attend pas… Je fais un gros effort pour rester calme et ne pas lui sauter dessus.

Soudain, un des dromadaires s’affaisse en criant : il s’est pris la patte dans un trou d’eau.
Je bricole une attelle, mais je ne me sens pas bien. Un danger approche.

Je me retourne brusquement, juste à temps pour voir jaillir de l’eau un monstre, court sur pattes, puis un second, qui se jettent sur Kallicé et moi.

Je cours pour esquiver l’attaque, mais bientôt la bête m’attaque à la jambe. Je dégaine ma dague et la plante dans son dos… mais la dague s’enfonce à peine ! La bête refuse de me lâcher, j’entends alors un bruit sourd : une autre bête énorme, grise, fonce sur nous, bousculant les dromadaires…

Je tente de garder mon calme, mais la Bête en moi se réveille et me voilà à frapper contre le monstre en carapace, je l’attrape et serre, serre, enfonçant au passage la dague dans le dos du monstre. Il se débat, mais la rage me fait serrer, serrer encore… Je finis par le laisser tomber, mort, dans l’eau boueuse du marécage.

La Bête se calme en moi. Le voyage commence bien…