la guilde d’Altaride

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Vie Mortelle Suite et Fin

vendredi 23 juillet 2010, par Asshâni

En y repensant ma vie de mortel, était partagée entre ma fidélité à mon roi, et ma famille. Å’uvrer pour mon roi m’emplissait de satisfaction,je pensait qu’il devait être juste que les ennemis qu’il me désignait disparaissent, il devait avoir des raisons cachées, je ne pouvais juger pleinement ses actes, du moins c’est ce à quoi je me raccrochai pour me cacher une certaine facette de mon roi que je ne voulais pas voir.

Je me souviens parfaitement, de ce jour où tout avait basculé pour moi. Un messager m’avait tiré de mon sommeil : le roi me mandait… immédiatement cela va sans dire.
En sortant, je levais les yeux vers la nuit étoilée et prenant une brève inspiration je me dirigeais sans plus tarder vers le palais d’Ashur. Je passais devant le corps de garde, et remontait vers une entrée connu de moi seul.

Je resserrai la broche de ma cape, plus pour lutter contre les morsures du froid que par peur d’être reconnu. J’étais enfin arrivé au palais et parcourait lentement sur mes gardes, la grande galerie, qui devait me mener aux appartements de Titoulka, et seul l’écho de mes pas sur le marbre glacé réanimait l’endroit.

Tout en marchant, j’observais les jardins plongés dans l’obscurité en contrebas, la lune se reflétait dans les fontaines et bassins, ce fut d’ailleurs à ce moment que je cru apercevoir une ombre fugitive passer sur les toits, je m’arrêtai tous mes sens en alerte, mais rien… seul le souffle froid du désert me répondit, à l’époque j’avais mis cet événement sur le compte d’une fatigue passagère, ou d’un réveil récent mais maintenant en y repensant, je pense que Karim devait être là.

Je me détournai, de mon observation, et après quelques minutes, j’arrivais à la chambre de mon souverain, je passai une fois encore par un passage dérobé, j’attendais dans l’ombre, et quand je fus certain qu’il était seul, j’entrai ; la pièce était chargée de tapisseries, et emplie de fumée d’hashish, des coussins remplissait la salle, mon roi, assis me toisait… je posais genou à terre, l’échine courbée.

- vous m’avez fait mandé mon roi, me voici, fidèle et humble serviteur de sa majesté
Je le senti marquer une pause, comme si il pesait encore sa décision… puis se lança
- Oui mon fidèle Asshâni, mon bras vengeur…, j’ai décidé de te promouvoir en tant que mon assassin personnel. Il ne vit pas le sourire qui se dessinait sur mes lèvres et encore heureux : je ne voyais pas le cadeau empoisonné qu’il me tendait…
- Mais bien évidemment, tu comprendras que ce travail te demandera discrétion, et que personne ne te connaisse, j’ai besoin de toi dans cette tâche – puis tirant la corde sensible – le pays a besoin de toi.
- Oui, je le comprends je suis né pour que la gloire assyrienne rejaillisse sur le monde, et vous sert du mieux que je peux pour cela.
- Bien Asshâni : voilà pourquoi je te donne deux jours pour déguiser ta mort, et rentrer sous mes ordres.
Le souffle coupé je demandai :
- Mon roi, que va devenir ma famille ?
- Et bien… tu ne devras avoir aucun contact avec eux, mais je pense qu’ils se débrouilleront bien, Sin est maline, et arrivera bien à s’en tirer sans ton aide !
Je refoulai ma rage d’une telle injustice, de toute manière si je refusais après qu’il m’ait fait cette proposition, je n’aurai pas donné cher de ma peau… mort je serai inutile à ma famille.
Après un long silence, je capitulai :
- Bien mon roi, je ferai selon vos ordres…

J’allai pour profiter des derniers instants avec mes proches quand soudain, il m’interpella :
- Asshâni ! Comprend que je fais ça pour notre nation, nous devons tous consentir à des sacrifices, accepte le.

Je ne répondis pas et reparti dans la nuit gelée.

Je passais deux jours à planifier ma mort, les ruines de l’ancien temple d’ishtar de l’ancienne ville, où je m’entrainai seul serait parfaite pour la mise en scène, restait à me trouve un malheureux qui prenne ma place … Je voyais le temps filer entre mes doigts, je passais des heures entières à regarder ma femme et mes enfants, ce qui ne manqua pas d’interpeller ma compagne…

Deux jours s’étaient passés ainsi, peu avant l’aube, j’embrassai sur le front ma femme endormie et mes enfants, et j’essayai de graver ce moment en moi ; la mort dans l’âme, je quittai les miens, j’allais dans les quartiers douteux, où il ne me fut pas difficile de trouver un homme de ma corpulence vautré dans une ruelle après une nuit bien arrosée, je le prenais sur mon dos et l’amenai dans les ruines. Je le posai en contrebas d’une colonne qui restait encore debout, je l’égorgeais rapidement afin de lui épargner des souffrances inutiles, je l’habillai de mes vêtements, et quelques un de mes bijoux et mon épée de garde du corps dont je ne me servirai désormais plus.
J’avais déjà descellé le mortier du chapiteau de la colonne, et pousser ce bloc en bas avec un ou deux coins de bois, ne fut pas difficile : la pierre vacilla et tomba lourdement sur le corps sans vie en contrebas. Je descendais, et je m’assurai en m’arcboutant que le visage était devenu impossible à identifier, ce qui était bien le cas.

Surmontant mon dégout je me cachais dans l’ombre, plusieurs heures se passèrent quand des soldats arrivèrent : de grands cris, de l’agitation : ils s’activaient à pousser le bloc de coté. Ce qu’ils firent sans trop de difficulté : à nouveau des cris, l’un deux que je reconnu pour avoir été sous mes ordres, couru en direction de la ville… les autres pendant ce temps voilèrent mon corps ou ce qu’il en restait et se mirent à chanter les oraisons funèbres des guerriers, plusieurs minutes s’étaient écoulées quand je vis ma femme arriver soutenu par le garde qui revenait avec elle. Voyant la scène elle faillit défaillir, mon cœur se serrait de plus en plus, elle s’agenouilla devant ce qu’elle croyait être mon corps, puis ce fut un cri de rage et de désespoir adressé à la terre entière, je n’en pouvais plus : au diable cette mascarade ! Pour un roi de plus en plus imbu de sa personne, j’allais perdre la femme que j’aimais ? Rien ne pourrai me séparer d’elle ! La nuit était tombée à présent, le froid commençait à se faire sentir, et elle continuait à se lamenter, elle ne voulait pas quitter l’endroit, malgré les hommes qui essayaient de la raisonner, n’y tenant plus, j’allai pour sortir de ma cachette, quand soudain, une main se posa sur mon épaule pour me retenir, un silence, comme si le temps s’était arrêté. Une voix grave qui ne permettait pas la réplique me dit posément :
- Crois-moi, c’est ton ancienne vie que tu contemple là, revenir la ferai d’autant plus souffrir, tu as fais ton choix, respecte le.

Je me retournai lentement et découvrais un homme habillé de noir, Ses cheveux de jais longs et bouclés, encadrait un visage équilibré, il avait la peau mate, et une musculature vraiment impressionnante, il portait une chemise sans manche noire, un pantalon noir, et un étrange tatouage sur sa main gauche et son épaule, tout mes sens m’alertait de la puissance de cette homme, d’un coup d’œil à sa ceinture, je vit deux cimeterres magnifiquement détaillés, des sangles autour de son torse et ses cuisses maintenait une multitude d’instruments, couteau de lancer, poudres, il semblait impossible de le prendre à dépourvu, c’était à n’en pas douter un collègue, mais comparé à moi, c’était un professionnel…

- Qui êtes-vous ? Je pensai à toute vitesse pour trouver une raison valide mon roi m’aurait il piégé ? Tout cela faisait il partit d’un de ses plans fumeux ? Quelles étaient mes chances de victoire en cas de conflit ?

- Je pense que le Titoulka a bien choisi, tu feras une bonne recrue, apparemment tu as réussi avec succès ton premier test : disparaître, je m’appelle Karim, et j’aurai le plaisir d’être ton mentor, l’accepte tu ?

Sans répondre, je me retournai et observai au loin ma femme, elle était épuisée de chagrin, et je pouvais qu’imaginer le calvaire qui commençait pour elle, mais Karim avait raison ma décision avait été prise : revenir en arrière, n’apporterai que chaos.
- Je suis prêt. Lui dis-je en revenant à lui.

Et là au débotté, il me mordit.

Surpris, j’essayai en vain de me dégager, mais son emprise était totale, las ; je cédais, cette morsure n’était pas normale, et j’y éprouvais une sensation de plénitude et de plaisir que je n’avais jamais connu jusque lors… les minutes s’écoulèrent ainsi, je me sentais la vie quitter mon corps, le froid s’intensifier, la nuit les sanglots de ma femme au loin, tout se mélangeait, tout était si bon, si simple : Je tombais finalement inconscient.

La nuit et l’ombre m’ouvrait pleinement ses bras.

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